Berceau des clichés archéologiques
La pop dans l'histoire !
Moyen âge : des temps obscurs ?
Crédit : Image extraite du film «Les Visiteurs» (1993)— Gaumont International (France)
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Longtemps considéré comme “l’entre deux” des périodes , ce n’est qu’au XXe siècle que les historiens ont commencé à nuancer l’image peu flatteuse de ce que l'on nomme moyen âge.
Inventé dès la Renaissance, ce terme a longtemps désigné une ère de violence régnant sans partage ; de populations sans hygiène ; de barbares sanguinaires et de sciences approximatives. Pourtant ce sont bien milles ans d’histoire scientifique et technologique, d’émulsions artistiques et de structurations sociales, que nous balayons sous le terme de “temps obscurs”.
Qui ne s’est jamais remémoré en boucle les scènes du bain de sire Godefroy de Montmirail et son fervent écuyer Jacquouille La Fripouille ? Ces clichés “amusants” de la représentation du Moyen âge semblent prospérer dans nos références culturelles. Mais qu’en était-il vraiment ? La chercheuse Isabelle Cartron, professeure d'histoire et d'archéologie médiévale à l'Institut Ausonius de l'Université Bordeaux Montaigne revient sur quelques idées reçues historiques, à travers le film Les Visiteurs.
“Et savonnez-vous de bon cœur !”
Le bain
La saleté. Un a priori qui reste bien présent dans notre représentation du monde médiéval. Toutefois, les sources historiques le démentent. Le bain au Moyen âge est quelque chose de parfaitement intégré, le thermalisme (soin par les eaux minérales) étant hérité de l’Antiquité. On le voit à travers de nombreuses formes qui se développent dans les différents coins du monde (hammams, eaux thermales), au sein d’établissements privés et publics.
Image extraite de la scène du bain du film Les Visiteurs
réalisé par Jean-Marie Poiré en 1993 ©Gaumont
“Que l’on ripaille à plein ventre"
Le repas
Les serviteurs mangeaient-ils par terre ? S’il est certain que les classes sociales ne mangeaient pas ensemble, rien ne permet d’affirmer aujourd’hui que les servants mangeaient aux pieds du seigneur, comme des animaux. Une grande convivialité avait lieu entre les convives qui pouvaient se partager les mêmes assiettes. Deux repas étaient également donnés tous les jours, le petit déjeuner étant réservé aux enfants. Le banquet jouait par ailleurs une fonction ostentatoire et symbolique, le seigneur devant faire preuve de “prodigalité” par des dépenses excessives en vin, viande et autres mets coûteux (agrumes, dattes, pommes, amandes).
Image extraite de la scène du dîner du film Les Visiteurs réalisé par Jean-Marie Poiré en 1993 ©Gaumont
Le saviez-vous ?
Le doigt d'honneur nous vient du Moyen âge !
En effet, c'est au cours de la guerre de cent ans, qu'est né ce signe de provocation. Ce doigt indispensable pour le tire à l'arc était sectionné lorsqu'un archer gallois était fait prisonnier. Ceux-ci étant réputés au combat. Pour défier l'ennemi les archers anglais levaient alors leurs majeurs face aux armées françaises à l'orée d'une bataille.
Pour en savoir plus :
https://youtu.be/hX-6iRsHtkQ?t=10
Anciens Mayas : des mythes aux sciences
SHADOW OF THE TOMB RAIDER © 2018, 2019 Square Enix Limited
Qui ne connaît pas Lara Croft, la célèbre aventurière du jeu à succès Tomb Raider ? Dans son dernier opus, Shadow of the Tomb Raider (2018), l'iconique héroïne s’aventure au sein de l’empire perdu des Mayas, source de mythes et légendes. Mais qu'en est-il vraiment des mystères entourant cette civilisation disparue il y a 500 ans ?
L’une des images les plus marquante de Shadow of the Tomb Raider est celle de Lara Croft se tenant face à une immense pyramide maya.
Ces pyramides représentent une part importante de la vision que nous avons des Mayas. Elles servaient à relier les Hommes aux Dieux et permettaient à la Terre de s’élever dans les niveaux supérieurs de l’Univers. Elles sont constituées de petites pièces exiguës certainement conçues pour des rites religieux réservés seulement aux initiés.
Extrait image du jeu SHADOW OF THE TOMB RAIDER
©2018, 2019 Square Enix Limited
Pyramide Maya de Chichen Itza, Mexique
© Jimena Soto - Pixabay
De grandes pyramides, une technologie rudimentaire ?
Ces structures très hautes pouvaient dépasser 80m de hauteur et surplomber la forêt environnante. Les archéologues sont étonnés de la manière dont elles ont été construites, car les Mayas ne possédaient que des outils en pierre ou en bois. De plus, même s’ils connaissaient la roue, ils ne l’utilisaient pas. Les pierres étaient donc issues des carrières environnant ces monuments religieux.
Des sacrifices pour les dieux
La religion avait une part très importante dans la culture maya. La majorité des guerres que ce peuple a menées n’avaient pas pour but de conquérir des terres, mais d’acquérir des sujets pour les sacrifices. Cependant, contrairement aux idées reçues, les anciens Mayas ne sacrifiaient pas des humains régulièrement. De plus, les offrandes humaines concernaient bien souvent des nobles. Aussi offrait-on aux dieux de la nourriture et des boissons, en particulier du cacao. Les prêtres pouvaient également s’auto-mutiler pour nourrir leurs divinités et éviter les catastrophes naturelles tels que la sécheresse.
Extrait image du jeu SHADOW OF THE TOMB RAIDER
©2018, 2019 Square Enix Limited
L’une des autres raisons de l’aura de mystère entourant les Mayas est leur disparition. Attribuée à tort aux conquistadors, la déchéance de cette civilisation est un mystère que les archéologues cherchent à résoudre. Les Mayas étaient majoritairement des agriculteurs et certains chercheurs pensent que c'est une des raisons de la chute de cet empire. Ils auraient connu de grandes périodes de sécheresse alors que le maïs, principal constituant de leur alimentation, a besoin de beaucoup d’eau pour se développer. En plus de cela, les archéologues pensent que des années de culture intensive auraient appauvri les sols en ne leur permettant plus de subvenir aux besoins des plantes, ce qui aurait conduit le peuple maya à la famine et à sa disparition soudaine. Mais tout cela reste une hypothèse.
Le saviez-vous ?
Le cacao, breuvage divin !
Selon les récits qui nous sont parvenus, le cacao tenait une place sacrée dans la culture des Anciens Mayas. Le livre dit de la Genèse (Popol Vuh) raconte que cette boisson aurait été confectionnée lors de l’union du Dieu Hun Hunaphu et d'une jeune maya. Décapité par la suite, la tête de Hun Hunaphu aurait été pendue à un arbre mort donnant miraculeusement des fruits en forme de calebasse. Selon les légendes la tête du héros cracha dans la main de la jeune femme permettant une fécondation magique. Depuis, les Mayas auraient utilisés le chocolat comme préliminaires au mariage. Les fèves sacrées étaient offertes aux dieux de la pluie et de la fertilité.
Crédit : Jeser Andrade Arango - Licence Pixabay
La Préhistoire : un monde hostile ?
Rahan est remis au goût du jour dans une intégrale publiée aux Éditions du Soleil.
© Éditions Soleil, 2019 – Lécureux, Chéret
Rahan, un nom qui fait vibrer de lointains souvenirs des premières représentations d’un héros surhumain cohabitant avec les dinosaures et affrontant des bêtes sauvages gigantesques !
Quelles images la BD Rahan, fils des âges farouches a-t-elle pu véhiculer de la Préhistoire à travers cette mascotte à la tignasse blonde ?
À la lumière des savoirs scientifiques actuels, voici quelques anecdotes surprenantes sur la naissance des premiers hommes.
La BD Rahan, fils des âges farouches, débutée en 1969 a marqué deux générations sur la période de la Préhistoire, bien que ses aventures se veuillent fictionnelles et romanesques. Ce héros des temps anciens crée par André Cheret et Roger Lecureux, traverse tout au long de ses aventures l'âge dit de Cro-Magnon à la Fonte des glaces.
L’affrontement de la vie sauvage apparaît comme un aspect indissociable de la période préhistorique. Rahan s’engage dans des bagarres irréalistes avec des bêtes plus géantes les unes que les autres et sa proximité avec le danger semble dénuée de toute peur, lui donnant un courage à toute épreuve.
Tome 1 - L'intégrale
© Éditions Soleil, 2019 – Lécureux, Chéret
Des bagarres sanglantes
Contrairement à l'univers de Rahan, les dinosaures avaient bel et bien disparus à l'arrivée de l'homme moderne (Homo sapiens). Toutefois, le monde des premiers Hommes était effectivement peuplé d’animaux préhistoriques géants : le smilodon ou tigre à dents de sabre, le mammouth ou encore le mégacéros (cerf géant).
Les affrontements hommes-bêtes très caractéristiques des représentations de cette période de l'histoire révèlent une image spectaculaire, de corps à corps, par l’utilisation d’outils encore primaires nécessitant une proximité immédiate avec la proie, futur dîner.
Les premiers végans
Mais la viande fraîche et crue n’était pas non plus la denrée exclusive que les Hommes préhistoriques se mettaient sous la dent, lesquelles n’étaient pas aussi tranchantes que l’on pense. Certains des premiers représentants de l'humanité, comme les australopithèques étaient même presque végétariens, trouvant de quoi se nourrir dans les tubercules, les végétaux, des racines et quelques insectes et petits animaux.
Photo by Валерия on Unsplash
Crédit : Face et profil de Shanidar 1 / Photos Erik Trinkaus
site hominides.com
Les derniers des sauvages
Bien que les périodes de la préhistoire semblent symboliser des temps hostiles pour les premiers représentants de l'espèce humaine, les dernières découvertes montrent que les notions de partage et d’entraide sont bel et bien assimilées chez les sociétés préhistoriques. De récentes études menées sur les restes d'un Néandertalien adulte découvert en 1957 dans la grotte de Shanidar (Kurdistan) montrent que celui-ci souffrait de handicap(s). Ce constat met en évidence la préoccupation des plus faibles chez les Hommes de Néandertal. Une vision encore aujourd'hui mal représentée dans la culture populaire.
En savoir plus : https://bit.ly/37TMHZg
Le saviez-vous ?
Les mains, un symbole intercontinental
La main est un symbole omniprésent au temps de la préhistoire. Les représentations de mains sur des fresques rupestres ont été retrouvées dans différentes parties du monde : Afrique du Sud, Amérique du Sud, Asie du Sud-Est et jusqu’en Australie. Selon les chercheurs, elles dateraient toutes de la même période. Une théorie de l’évolution harmonisée dans le temps ? Une pratique instinctive ? Les doutes continuent de planer sur cette pratique et ces significations.
Image par Florence D. de Pixabay
Bibliographie
Moyen âge
BOULLAY Severine, Le Moyen âge : temps obscurs ou siècles d'innovations ?, L'Histoire BnF, 14 Décembre 2017
[Consulté le 5 Décembre 2017]
Lien : https://journals-openedition-org.ezproxy.u-bordeaux-montaigne.fr/com/5626
WEILL-PAROT Nicolas et SALES Véronique (dir.), Le vrai visage du Moyen Age. Au-delà des idées reçues, Paris, Vendémiaire, 2017. CR Clionautes 2017
Anciens Mayas
DUFRESNE, Lucie. 2 La civilisation maya. Dans : Presses de l’Université de Montréal [en ligne]. [S. l.] : Presses de l’Université de Montréal, 2018. ISBN 9782760617353. DOI 10.4000/books.pum.17794
Lien : https://books.openedition.org/pum/17794
SALOMON, Jean-Noël. Le déclin de la civilisation classique Maya : explications. Les Cahiers d'Outre Mer. 2009, Vol. n 246, no 2, p. 143‑173
Lien : https://journals-openedition-org.ezproxy.u-bordeaux-montaigne.fr/com/5626
Préhistoire
BALZEAU Antoine, NADEL Olivier-Marc, 33 clichés de la préhistoire, Belin Sciences, 2018
DELLUC Gilles, Comment mangeaient les hommes préhistoriques ? Alimentation et Nutrition - Hominidés. https://www.hominides.com/html/dossiers/alimentation-prehistoire-nutrition-prehistorique.php. Accessed 10 Dec. 2019.
DELLUC Gilles, Les Maladies Des Hommes Préhistoriques - Hominidés. https://www.hominides.com/html/references/paleopathologie-paleolithique-0434.php
Accessed 10 Dec. 2019.
SEMONSUT Pascal, La Préhistoire, Un Monde de Violence
Hominidés. https://www.hominides.com/html/prehistoire/prehistoire-un-monde-de-violence.php. Accessed 10 Dec. 2019.