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L'ère du temps, médiation scientifique par les Dealers de Science

Semaine de culture scientifique du 17 au 21 janvier 2017

PORTRAITS DU TEMPS

Ancre 1

La science-fiction dans l’air du temps

A la découverte du parcours atypique de Natacha Vas-Deyres, essayiste spécialisée dans la science-fiction, et de son regard sur une de ses thématiques de recherche de prédilection : le temps.

Classique, c’est ce qu’on aurait pu penser du parcours de Natacha Vas-Deyres, qui a commencé avec une licence, un DEA et une agrégation de lettres modernes. Mais c’était sans compter sa passion d’enfance pour la science-fiction (SF), qui l’a finalement amenée à faire une thèse sur ce sujet. Un choix particulièrement osé dans un monde universitaire qui d’après elle mésestime ce genre littéraire. Aujourd’hui, Natacha Vas-Deyres travaille au Laboratoire pluridisciplinaire de recherches sur l’imaginaire appliquées à la littérature (équipe d’accueil Clare, université Bordeaux Montaigne). Elle se concentre en particulier sur la thématique du temps, un sujet qui la passionne car il touche à l’essence de l’humanité. Le temps est le seul élément que l’Homme ne peut pas contrôler, et la SF permet justement de projeter son fantasme de le maîtriser. « C’est un gouffre métaphysique fascinant et terrifiant. La SF pousse à réfléchir sur les conséquences des décisions qu’on prend ou des événements qui nous sont imposés. » Natacha Vas-Deyres se dit déterministe : pour elle chaque choix, chaque acte permet de forger une vie. « Si on pouvait revenir en arrière, pourrait-on modifier notre destin ? Et le devrait-on ? » C’est le principe de l’effet papillon : changer un petit fait dans une ligne temporelle va créer une vie parallèle complètement différente… pour le meilleur ou pour le pire. « Et connaître son futur est tout autant risqué : savoir comment atteindre ce brillant avenir ou au contraire échapper à cet échec cuisant peut être très angoissant ». Tout le succès de la SF joue sur ce principe du fantasme, qu’on désire autant qu’on le redoute.

 

Dévouée à la promotion de la SF

 

Femme de lettres et bien sûr passionnée de sciences, avec une touche de philosophie et d’histoire, Natacha Vas-Deyres doit gérer une multitude de casquettes, ce qui n’est pas une mince affaire : « Je travaille constamment. La recherche ne s’arrête jamais, chaque projet en relance un autre. Il faut toujours être sur la brèche, se tenir au courant des dernières découvertes et garder son esprit en éveil ». Elle puise sa motivation dans sa volonté de voir la SF enfin légitimée dans le milieu universitaire. C’est un engagement presque militant, qui a été récompensé quand elle a remporté le Grand prix de l’imaginaire en 2013, catégorie Essai (1), et à nouveau en 2016, catégorie Prix spécial (2). Cette même année, elle a aussi remporté le Jamie Bishop Memorial Award (3), qui récompense le meilleur essai sur la littérature fantastique écrit dans une langue autre que l’anglais. Elle reste très humble à ce sujet : au-delà de la reconnaissance personnelle, elle souligne surtout que ces prix donnent de la visibilité et de la crédibilité à la recherche sur la SF. Natacha Vas-Deyres semble donc avoir réussi son pari de transformer sa passion en moteur professionnel. Et si elle pouvait remonter le temps, et rencontrer la future thésarde partagée entre littérature classique et SF qu’elle était alors, elle ne lui conseillerait qu’une seule chose : se lancer sans hésiter.

 

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(1) Grand prix de l’imaginaire 2013, catégorie Essai : Natacha Vas-Deyres (2012) Ces Français qui ont écrit demain. Utopie, anticipation et science-fiction au xxe siècle. Ed. Champion, Paris, 533p.

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(2) Grand prix de l’imaginaire 2016, catégorie Prix spécial : Natacha Vas-Deyres et Richard Comballot (2015) Carnets chronolytiques de Michel Jeury. Ed. Presses universitaires de Bordeaux, coll. Eidôlon, Pessac, 216p.

 

(3) Jamie Bishop Memorial Award 2016 : Natacha Vas-Deyres et Patrick Bergeron (2013) Des fourmis et des hommes : voyage entomologique au cœur de la proto-science-fiction (1890-1950). In : Natacha Vas-Deyres, Patrick Bergeron et Patrick Guay (dir.) C’était demain : anticiper la science-fiction en France et au Québec (1880-1950), Ed. Presses universitaires de Bordeaux, coll. Eidôlon, Pessac, à paraître en 2017.

Temps de lecture : 2 minutes

Écrit par Anne-Sophie Magnant

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L'ère du temps, médiation scientifique par les Dealers de Science - Portraits interviews témoignages Natacha Vas-Deyres

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