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L'ère du temps, médiation scientifique par les Dealers de Science

Semaine de culture scientifique du 17 au 21 janvier 2017

PORTRAITS DU TEMPS

Ancre 1
L'ère du temps, médiation scientifique par les Dealers de Science - Portraits interviews témoignages Jean-Bernard Huchet

Temps de lecture : 2 minutes

Écrit par Nafissa Mahamoud

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​L’homme faisant parler les insectes                         

L’œil au microscope, c’est en observant des débris d'insectes que l’archéo-entomologiste Jean-Bernard Huchet dévoile les secrets du passé au laboratoire Pacea (1) à Bordeaux. Rencontre avec cet expert.

 

Jean-Bernard Huchet, chercheur au CNRS a développé une discipline à part entière : l’archéo-entomologie funéraire. L’objectif étant d'utiliser les insectes des tombeaux dans l’optique d’en apprendre davantage sur les pratiques funéraires des civilisations passées. Passionné depuis son plus jeune âge à la fois par la Préhistoire, l'anthropologie (1) et l'étude des insectes, Le chercheur s’est spécialisé dans ces domaines à Bordeaux.

 

Côté insectes, l’archéo-entomologiste du laboratoire Pacea s’intéresse plus particulièrement aux coléoptères et aux mouches. Alors qu’il n'était encore qu'un entomologiste amateur lors de sa maîtrise, un professeur de l’université lui demande d’examiner le contenu d’un sarcophage du 10e siècle. Celui attribué à Guillaume Taillefer, comte de Toulouse. Au sein du sépulcre, ont été retrouvés des restes de tissus, des cheveux mais également des myriades d’insectes. C’est à ce moment qu’il se livre à une véritable enquête sur les sépultures et restes humains : « J’ai fusionné l’archéo-entomologie et l’entomologie médico-légale, j’étudie les insectes nécrophages de contextes archéologiques », dit-il. À partir de ces bestioles, il est capable de reconstruire le passé. Tel un médecin-légiste, il peut notamment déterminer la saison de décès d’un individu selon le type d’insectes présents mais aussi de savoir si le corps a été exposé avant inhumation, etc. « Dès l'instant de la mort, le corps exhale des signaux biochimiques qui, selon les stades de décomposition, attirent différentes catégories d’insectes. » En médecine-légale on peut obtenir des informations sur les quelques jours ou semaines qui suivent le décès. « Tandis qu’en archéo-entomologie il est possible de reconstituer des faits très anciens pouvant parfois remonter à l'aube de l'Humanité », ajoute le chercheur.

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Jamais sans ses bestioles !

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Plus qu’un voyage dans le temps, le chercheur parcourt les quatre coins du globe pour le travail. De l’Égypte, au Pérou, en passant par l’Arabie Saoudite ou encore l'Afrique du Sud, ces escales lui permettent en outre d'étendre ses recherches à l'étude d'ossements anciens. En Égypte, des crânes présentant des perforations ont été retrouvés. Autrefois, les scientifiques pensaient qu’ils appartenaient à une population préhistorique souffrant de la syphilis. « En réalité, c’était une erreur de diagnostic, ils ont décrit des squelettes détruits par les termites », certains insectes étant ostéophages (2).

L’expert en insecte travaille dans deux structures. À Paris, au Muséum national d'Histoire naturelle, il pratique d’une part l’archéozoologie, d’autre part l’entomologie où il classe et décrit de nouvelles espèces d’insectes. À Bordeaux, son microscope, ses livres et ses collections d’insectes sont regroupées au laboratoire Pacea.

Jean-Bernard Huchet montre un véritable engouement vis-à-vis de sa profession. Ses compagnons de travail, bestioles en tout genre ont même élu domicile chez lui, dans son laboratoire personnel. Il ne passe pas un instant sans eux !

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(1) De la le Préhistoire à l’actuel : culture, environnement, anthropologie (unité CNRS et université de Bordeaux)

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(2) étude de l’Homme dans son ensemble

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(3) qui mange des os. Du grec osteon = os, phágos = mangeur

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