Semaine de culture scientifique du 17 au 21 janvier 2017
PORTRAITS DU TEMPS
Temps de lecture : 2 minutes
Écrit par Sari Tanikawa
Accompagner à trouver sa place dans le tempo
Musicothérapeute et compositeur, Stéphane Czeski parle de sa conception du temps en tant que rééducateur musical.
« J’ai deux intérêts dans la vie, la musique et l’humain », c’est comme cela que Stéphane Czeski se présente. Homme souriant et chaleureux, il s’est toujours intéressé à la musique et notamment aux percussions. « Je pense que la musique permet une certaine égalité d’expression entre les individus ». Sa personnalité altruiste l’a mené à créer l’atelier Unis-sons en partenariat avec Le Rocher de Palmer et le TCA (Tout Cérébrolésés Assistance). Il anime depuis quatre ans, un atelier de composition en temps réel par pas moins de 45 étudiants en musique du CIAM (École de Musique de Bordeaux) et personnes handicapées en réhabilitation. Pour lui, le plus important n’est pas d’enseigner la technique mais d’aider les individus à leur développement personnel et leur intégration sociale. Plus qu’un enseignant, un véritable soutien.
Tout comme un chef d’orchestre mais sans partition, le musicothérapeute dirige ses apprentis avec un langage de signes, le soundpainting. Considéré comme un code d’improvisation artistique, le groupe a adopté et s’est même approprié ce code en créant des nouveaux signes ensemble, propres au groupe. Volume, intensité, accélérations et rythme sont modulés avec ce langage si particulier. Lors de l’improvisation, les musiciens jouent avec trois types de temps : le rythme, la mélodie et l’harmonie.
Unité et confiance, écouter l’autre
Le rythme est donné par l’animateur et c’est sur celui-ci que tous les participants doivent s’accorder. En ce sens, Stéphane Czeski choisit le temps de base unifiant le tout. Son rôle d’animateur est de donner une rythmique, d’orienter et créer une homogénéité sonore, organiser l’ensemble dans le temps. Tel un médiateur entre les différents musiciens aux styles et capacités différentes. La mélodie correspond au son de chaque instrument et l’harmonie quant à elle, correspond à l’ensemble des différents sons dans un temps donné.
« Le tempo est propre à chacun, on a tous des temporalités différentes et cet exercice permet de tous se mettre dans un même plan temporel. Il faut écouter et s’adapter au reste du groupe, surtout en improvisation. Chacun organise son harmonie et peut trouver sa place dans la mixité sans priver l’autre. » Stéphane Czeski explique que l’exercice se base sur la confiance et l’adaptabilité pour créer un temps commun d’où le nom de l’atelier. « Ce sont les relations humaines créées qui comptent, les gens sont là parce qu’ils le souhaitent. »
Dans cet exercice, chaque individu peut s’exprimer dans son temps, avec sa propre harmonie et mélodie, il a le choix. C’est donc une forme d’expression de liberté mais aussi de son individualité au sein d’un groupe. « Cet exercice peut se transposer dans la vie quotidienne de chaque individu pour les aider à s’intégrer socialement et éviter l’isolement », explique le musicien. Se sentir utile dans un groupe facilite l’intégration et la réhabilitation des personnes handicapées. Dans le cas des personnes diminués, suite un AVC ou à un coma, leur temps s’est arrêté, la reprise est lente, l’apprentissage aussi. Pour Stéphane Czeski, la musique permet de donner une identité au temps et permet de lui associer des émotions. La création musicale pourrait donc être un stimulateur pour l’imagination d’après ce musicien rempli d’humanité.