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Des communicators de Star Trek aux smartphones

À quel point les ingénieurs et scientifiques s’inspirent de la science-fiction dans leurs réflexions ?  La réponse avec Natacha Vas-Deyres, chercheuse spécialiste du domaine.
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© coll. Agence Martienne, www.agence-martienne.fr

«Quand il s’agit de créer de nouvelles machines, les ingénieurs et les scientifiques cherchent de l’inspiration dans les récits de science-fiction », affirme Natacha Vas-Deyres, chercheuse en études littéraires et spécialiste de la science-fiction. Depuis la fin du 19e siècle, et avant même que le terme de science-fiction ne soit réellement utilisé pour la désigner, elle imagine différents futurs pour nos sociétés. Ce domaine interculturel, qui va du cinéma aux romans en passant par la bande-dessinée, s’intéresse au développement des structures sociales et politiques, des sciences et des technologies sur des échelles de temps plus ou moins longues. De nombreuses machines ont d’abord vu le jour dans des fictions futuristes avant de devenir des réalités tangibles.

La chercheuse explique que les téléphones à écran vidéo (ou visiophones) étaient visibles dans la série télévisée Star Trek (créée en 1966 par Gene Roddenberry) bien avant qu’ils ne voient le jour près de quarante ans plus tard. Martin Cooper, ingénieur à Motorola, a participé à l’élaboration des premiers cellulaires de la marque dans les années 1980. L’inventeur a souvent parlé des communicators présents dans Star Trek comme étant une inspiration et même un objectif à atteindre.

« La science-fiction influence les technologies parce qu’elle projette nos rêves comme nos cauchemars, précise Natacha Vas-Deyres. Elle invente des mondes où la famine a disparu mais aussi des dystopies où les machines se rebellent. À l’heure actuelle, les développements imaginés par nos fictions sont de plus en plus rapidement mis en application dans le monde réel. »

Vers le mur du futur

La transposition des machines de science-fiction de l’imaginaire à la réalité se fait à un rythme beaucoup plus élevé, suivant celui des avancées technologiques. Ce phénomène, appelé « mur du futur », met en image la ligne temporelle au-delà de laquelle la science-fiction perd son influence. Selon Natacha Vas-Deyres, ce mur existe depuis une dizaine d’années et tend à se généraliser : même l’exploration spatiale, qui peut sembler inaccessible, n’est pas si éloignée d’obtenir des résultats plus que probants. Mais les auteurs de science-fiction n’ont pas trop de soucis à se faire. Le manque de ressources, notamment de métaux rares, mais aussi d’énergie disponible, risque de freiner le développement de nos technologies. La chercheuse explique que cela pourrait donner une nouvelle longueur d’avance à la science-fiction et lui permettre de conserver de nombreuses inventions technologiques dans son répertoire. Le voyage temporel, par exemple, restera encore longtemps un terrain de jeu pour la fiction.

Bérangère Subervie

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