Le bitcoin décrypté
Bitcoin, ether, blockchain… Autant de termes obscurs qui se réfèrent au monde de la finance virtuelle et des transactions secrètes. Économiste au Larefi, Jean-Marc Figuet mène l’enquête autour des cryptomonnaies.
© geraltpixabay
En octobre 2008, une nouvelle monnaie fonctionnant sur la base d’un système cryptographique, c’est-à-dire permettant le chiffrement des données, débarque sur la toile. Son nom : le bitcoin. « Son inventeur, Satoshi Nakamoto, dont la réelle identité reste aujourd’hui un mystère, revendique la liberté de pouvoir créer librement sa propre monnaie et de s’émanciper des nombreux intermédiaires tels que les banques en décentralisant le système grâce à des nœuds de réseaux informatiques », explique Jean-Marc Figuet. Une connexion Internet suffit pour installer un portefeuille virtuel et acheter en ligne.
« La réelle plus-value de ce processus, c’est la blockchain, l’algorithme qui permet de créer cette cryptomonnaie. » C’est une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée, et fonctionnant sans organe central de contrôle. Les transactions sont enregistrées et validées par des mineurs, des utilisateurs qui vérifient que l’argent est bien disponible. Leurs ordinateurs doivent être très puissants de façon à faire tourner des algorithmes de calcul qui seront confirmés par d’autres mineurs. Le bloc est ensuite ajouté à la blockchain et les transactions sont validées. Tous les échanges sont consultables par tous et ne sont pas falsifiables, tel un grand livre de compte virtuel. « Transposer ce principe d’enchaînement de blocs à d’autres usages, tels que la rédaction de contrats notamment, favoriserait l’émergence d’une nouvelle forme d’économie ! »
Depuis, des milliers d’autres monnaies virtuelles ont vu le jour, bien que les plus usitées soient le bitcoin et l’ether. Elles fonctionnent indépendamment de la banque centrale, afin de respecter l’idéologie originelle du bitcoin.
Un système limité
Elles sont parfois reconnues dans quelques pays comme l’Allemagne, au même titre que les monnaies locales, mais leur usage ne favorise pas l’économie locale. « Les délais de transaction, d’environ dix minutes, rendraient le passage à la caisse interminable et surtout, sans retour en arrière possible. Toute transaction de bitcoins est irréversible ». Mais cela représente un avantage de taille pour les cryptoactifs : il est presque impossible de remonter à l’origine de l’acheteur, connu uniquement sous un code car « seule l’identité du bitcoin compte ». Il est alors plus discret de se procurer des armes ou de spéculer. Désormais, l’usage de ces cryptomonnaies n’est plus réservé aux activités illégales, et de plus en plus d’entreprises y ont recours pour transférer de l’argent à l’international.
En revanche, la valeur très fluctuante du bitcoin l’empêche de s’installer comme réelle monnaie. Son cours varie du jour au lendemain en fonction notamment de sa popularité sur Internet. Dans ces conditions, impossible de l’utiliser comme référence de valeur d’un objet de consommation.
Lise Molimard