Robot de compagnie cherche sa place
Nos relations avec les robots semblent se réduire à deux emplois : fonctionnalité ou sociabilité. Face à cette problématique, Stéphanie Cardoso s’intéresse au potentiel des robots sociaux et à leur acceptabilité sociale sous l’angle du design.
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Maître de conférences à l’université Bordeaux Montaigne, Stéphanie Cardoso souligne : « nous cherchons encore la pertinence de leur place au sein de notre société. » Quels sont les usages de ces technologies de pointe ? Sa recherche montre que « même si le grand public est ouvert à l’idée d’un robot compagnon, il associe davantage ce type d’outil aux personnes les plus fragiles dans nos sociétés : les enfants, personnes âgées ou en difficulté ».
Dans sa thèse, la chercheuse s’est concentrée sur un chien de compagnie robotique, Aibo, conçu par Sony. « Il était populaire chez les technophiles aguerris, mais la plupart des personnes n’en voyaient pas l’intérêt immédiat pour eux. Le manque d’ancrage social fait défaut pour allier innovations sociale et technologique : quelles habitudes, quels usages, quelles relations avec ces robots ? Aibo a connu une faible popularité en Europe, cela n’a pas été facile. Il est difficile de développer la robotique affective car le créneau n’est pas encore suffisamment défini. Pour cela, des recherches contextualisées socialement et orientées vers l’humain doivent être menées. » Il manque encore certains éléments pour élaborer un robot qui puisse véritablement être accepté comme un compagnon du quotidien.
Ces machines pourraient trouver leur place auprès des personnes âgées mais en réalité, « face à un robot, elles se sentent souvent face à leur propre mort : on met en avant la vieillesse de la personne face à une technologie qui la dépasse ». Les programmes de recherche sont nombreux sur le jeune public.
En effet, les robots de compagnie pourraient être des outils d’apprentissage adaptés pour des enfants déficients comme les autistes. Ces derniers interagissent mieux avec une machine car elle montre des expressions plus simples à comprendre.
« Un leurre de réactivité »
Du point de vue du design, le rapport à la machine sociale doit venir améliorer la vie de l’usager. « Nous passons notre temps entourés d’objets qui sollicitent notre attention, donc il faut vraiment avoir une accroche assez pertinente pour mériter l’attention de l’humain dans son quotidien. »
Malgré cela, « la robotique actuelle peut produire un leurre de réactivité et d’émotion, mais nous sommes encore loin de créer des robots sociables autonomes ». Très souvent, même les robots les plus avancés nécessitent un programmeur pour animer la conversation, on est loin de l’autonomie requise pour une commercialisation au grand public.
Les robots de compagnie cherchent encore leur place mais ils trouvent peut-être un rôle en interrogeant les interactions efficientes avec les humains. Il est notable que les robots ludiques connaissent de nouveau un succès, avec certains modèles vendus à plus de un million et demi d’exemplaires en une année. Il reste à voir si ces robots ont le potentiel de devenir des compagnons de tous les jours ou bien s’ils seront un énième objet technologique oublié au fond du placard.
Lillian Stanton