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Jardin zen 3.0

Une machine accompagnant les personnes atteintes de troubles du comportement, expliquée par Jérémy Frey, co-fondateur de la start-up rochelaise Ullo à l’origine du projet et Morgane Hamon, ingénieure en sciences cognitives.
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© Marthe Spielmann

«Cette machine n’a pas pour vocation à se substituer au thérapeute mais à l’accompagner » explique Jérémy Frey. Mêlant expérience sensorielle et capteurs biologiques, la machine Inner Garden permet aujourd’hui aux thérapeutes d’interagir avec leurs patients d’une nouvelle manière. Après des études autour de l’interface cerveau-ordinateur, l’ancien chercheur du laboratoire Inria s’est lancé dans la création de ce jardin zen technologique. Ce dispositif médical sous forme d’un bac à sable est augmenté par une projection de couleurs. Le patient est invité à modeler un paysage dans le sable. Les couleurs projetées changent en temps réel, révélant les formes créées : le bleu pour les profondeurs marines, le jaune de la plage, le vert des prairies aux altitudes intermédiaires et enfin le rouge pour les sommets. « C’est une activité contemplative qui a pour objectif l’ancrage dans le moment présent », explique Jérémy Frey. Les patients sont amenés à s’immerger dans l’activité en laissant libre cours à leur imagination.

Le bac à sable interactif a aussi été élaboré pour des personnes atteintes de troubles autistiques afin de les aider à maintenir l’attention sur une activité. Morgane Hamon, qui établit les protocoles scientifiques évaluant les effets du dispositif, raconte son expérience auprès d’un jeune adulte atteint de ces troubles : « Il aplatissait le sable de façon à faire apparaître la mer et le sable, puis il arrêtait et contemplait le va-et-vient des vagues pendant de longues minutes. Ce qui a surpris l’éducatrice présente, c’est qu’il avait enlevé le casque anti-bruit qu’il porte quasiment toute la journée pour écouter la mer. »

Paysage visuel et sonore

Canaliser ses émotions au travers de cette machine permettrait ainsi de stopper les pensées négatives. Cela est possible grâce aux capteurs reliant la machine et le patient. Ils permettent de mesurer les rythmes cardiaque et respiratoire. Ainsi les vagues du paysage et une ambiance sonore sont synchronisées aux constantes biologiques de la personne qui utilise la machine. « Ils peuvent ainsi observer leur propre état biologique, c’est le biofeedback », indique Jérémy Frey. Ce concept utilisé dans le domaine de la santé depuis plusieurs dizaines d’années permet d’aider les personnes à réguler leur état interne de façon autonome. « Quand on peut observer les choses, on est plus à même d’agir dessus », souligne le spécialiste.

La machine réagit en fonction des réactions afin d’accompagner le patient : « S’il est dans un état de relaxation, on pourra entendre des oiseaux gazouiller. À l’inverse s’il ne régule pas son stress le rythme des vagues va se réduire subtilement pour induire de la relaxation ». Morgane Hamon souligne que « la machine a vocation à améliorer le quotidien des personnes en situation de handicap mais également celui des personnes aidantes comme les proches et les équipes soignantes ».

Marthe Spielmann

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