PORTRAIT-ROBOT
Modéliser la machine climatique
« Supercalculateur, prédis-moi l'évolution du climat ! »
Marion Devilliers
Les chemins qui mènent aux sciences du climat sont nombreux. Marion Devilliers a choisi celui des mathématiques appliquées et du numérique pour intégrer des programmes de recherche sur la prédiction du climat. Essentiel pour sa motivation, la jeune chercheuse souhaite avant tout être en relation avec les sciences naturelles dans son travail.
Marion Devilliers s’exerce sur l’anticipation du climat depuis trois ans maintenant. Elle a commencé en Norvège avant de revenir en France. La modélisatrice travaille aujourd’hui au CNRS sur l’impact du réchauffement du Groenland et le courant Atlantique nord (AMOC) et comment l’apport d’eau douce dans l’océan peut perturber le fonctionnement des écosystèmes.
Pour mener à bien ses recherches, la chercheuse l’affirme, « l’utilisation des machines, des calculateurs principalement, est indispensable. Nous sommes toute la journée derrière notre ordinateur pour récupérer, assembler et donner un sens à une quantité gigantesque de données ».
Les modélisateurs envoient ensuite ces données, par la voie du numérique, vers les supercalculateurs du centre de calcul Recherche et Technologie du CEA. Ces derniers permettent de générer des prédictions du climat d’une dizaine d’années en 24 heures. Les résultats obtenus permettent ensuite de créer des cartographies pour donner une signification plus pratique à ces milliers de lignes de codes informatiques.
Infos-clés
2012 : Devient docteure après la soutenance de sa thèse sur la qualité de l’air
2016 : Alors en CDI au CEA, elle apprend qu’elle est sélectionnée pour un post-doctorat sur le climat en Norvège
2018 : Arrivée au CNRS à Bordeaux pour son second post-doctorat
« Si j’étais une machine, je serais un satellite. C’est une machine sentinelle qui récupère de nombreuses données afin d’assister les humains pour mieux comprendre la planète. Un satellite peut se vanter d’avoir une sacrée belle vue ! »
La chercheuse en post-doctorat au laboratoire Environnements et Paléoenvironnements océaniques et continentaux (EPOC, unité CNRS et université de Bordeaux) affirme que la résolution des modèles augmente, « les orientant de plus en plus vers la réalité. Les machines nous accompagnent pour mieux comprendre notre environnement et son évolution ». Marion Devilliers admet qu’il existe des limites aux modèles développés par les scientifiques, mais elle assure que de nombreuses preuves confirment certains résultats, ce qui permet d'en tirer des conclusions solides. Les supercalculateurs apportent des éléments de compréhension indispensables pour prévenir et agir sur les changements globaux que subit actuellement la planète.
Thomas Boniface