PORTRAIT-ROBOT
Collectionneur de métier
« Démarrer un nouveau projet m’a toujours passionné. »
Michel Mouyssinat
« J’ai un parcours assez atypique », s’exclame Michel Mouyssinat. Ce chercheur en informatique aujourd’hui retraité a eu mille et un métiers. Après une thèse en informatique théorique à l’université de Bordeaux à la fin des années 60, il se consacre à la construction et à la gestion informatique de fonds documentaires pour le ministère de l’Éducation nationale à Paris.
Puis il est chargé de transfert au CNRS, avant de démarrer en 1993 au Vietnam un « projet un peu fou mais qui a eu un succès inespéré ». Dans un pays en développement traumatisé par la guerre, il crée un institut d’enseignement de 3e cycle, l’institut de la Francophonie pour l’Informatique (Ifi) à Hanoï, qu’il dirige de 1995 à 2000. Une fois l’institut autonome, il rentre en France les valises pleines de collections d’objets éclectiques.
Ses objets préférés: les machines à calculer
Chercheur toujours aux aguets dans sa discipline, Michel Mouyssinat collectionne les machines à calculer et leurs documents annexes, aujourd’hui au nombre de 1 500.
Il achète sa première machine à calculer chez un antiquaire en 1972. Il s’y intéresse, mène une recherche documentaire (à l’époque sans Internet) et découvre que le principe de ses mécanismes est une innovation du célèbre mathématicien allemand Leibniz.
Il constitue sa collection en achetant les machines avec très vite le projet d’une exposition : Homo Calculus. Arithmomètre, machine à crypter, abaques à jetons et autres objets sont exposés pour la première fois en 1995 pour la Fête de la Science.
Infos-clés
1986 : Départ pour Paris pour le ministère de l'éducation nationale
1995 : Première exposition Homo Calculus à Talence
1996 : Installation à Hanoï pour construire l’Ifi au Vietnam
« Si j’étais une machine, je serais une carte à puce parce qu’elle sert à tout. Cette carte plastifiée porte un circuit intégré contenant des informations, comme les cartes bancaires. Elle est multitâche et présente dans tous les milieux professionnels. »
Aujourd’hui Michel Mouyssinat continue à collectionner les ouvrages et publications scientifiques ayant trait aux machines à calculer et à l’histoire de l’informatique. « C’est plus intéressant que l’objet lui-même, explique-t-il.
Le travail de recherche qui peut aboutir à la construction d’une machine est d’un grand intérêt. Il peut servir aux recherches actuelles en mathématiques et informatique. » Le futur d’Homo calculus est de développer un partenariat avec le musée national de l’Informatique et de la Société numérique, encore en construction, pour devenir sa composante régionale
Estelle Baude