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Archéomètre, le choix de l'interdisciplinarité

« Qu’est-ce que l’œil du spécialiste face à la matière ? »

Rémy Chapoulie

Professeur de physique appliquée en sciences archéologiques, Rémy Chapoulie dirige le laboratoire IRAMAT-CRP2A (CNRS/Université Bordeaux Montaigne), spécialisé en archéométrie, science des matériaux archéologiques, au carrefour des sciences de la matière et des sciences humaines. Afin de croiser ses savoirs avec ceux d’autres spécialistes, il co-encadre toujours les thèses qu’il dirige.

Dans le même esprit, il souhaite encourager la recherche en langue native : suite à l’étude de céramiques du Pérou précolombien, il a publié un manuel d’archéométrie non pas en anglais, mais entièrement en espagnol. « Grâce à cette interdisciplinarité, s’enthousiasme le chercheur, on peut remonter de l’analyse des matériaux aux techniques de production des céramiques anciennes. On peut même espérer, à terme, retrouver les recettes de cuisine qui y ont été préparées ! »

Des machines et surtout des collaborateurs

Croiser son regard d’archéomètre avec celui du spécialiste du patrimoine, c’est aussi utiliser des machines. Rémy Chapoulie évoque sa collaboration avec la géoarchéologue Catherine Ferrier. Pour comprendre la nature des concrétions qui peuvent endommager l’art pariétal de la préhistoire en Dordogne, comme les ornements de la grotte de Lascaux, ils ont sélectionné une « grotte laboratoire ». N’étant pas ornée, elle peut être soumise à des prélèvements et les chercheurs mobilisent toute une panoplie de machines pour révéler la composition chimique et la structure de ces concrétions.

Infos-clés

1988 : Doctorat de l’Université Bordeaux Montaigne en physique appliquée aux sciences de l’archéologie.

2014-17 : Responsable du programme PHYT sur la préservation des grottes ornées (région Nouvelle-Aquitaine).

2018 : Direction et co-édition d’un manuel d’archéométrie en espagnol. 

« Si j’étais une machine, à l’heure actuelle, je ne remplirais pas, à moi seul, les besoins des archéomètres. Je devrais être une machine du futur, multi-énergie et multi-détection, encore à inventer. »

« Pour étudier le patrimoine culturel, il devient indispensable, souligne le chercheur, de disposer de technologies portables et non invasives. » Les équipements de laboratoire sont plus performants, mais l’objectif est aussi de pouvoir se rendre au sein même des grottes ornées ou des réserves de musées pour analyser les matériaux sur place et sans prélèvement.

Qu’elle implique microscopie optique ou électronique, rayons X ou lasers, chaque machine délivre une information partielle. Le secret de l’archéomètre, pour Rémy Chapoulie, est donc de multiplier les approches. Ce qui veut aussi dire multiplier les collaborations !

Anne Coubray

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